Page 59 - livre-sans-fonds-perdus
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À
ma grande surprise, il m’aura fallu éplucher pas moins de dix-
huit ans d’archives pour retrouver une photo sur laquelle nous
apparaissons tous les deux. Ce voyage dans le temps, jusqu’à notre
visite de l’Abbaye de Melk en mars 2005, m’a rappelé de bons souvenirs
de nos années d’étudiant.e.s, lorsqu’il était si facile de se lier d’amitié, sans
savoir si cela perdurera, ni quel sera l’impact de ces rencontres du hasard
sur le long terme. J’étais un peu déçue de me rendre compte que j’ai un
grand nombre de photos de bâtiments que nous avons vus ensemble
et finalement si peu d’images des moments qui me font encore sourire
aujourd’hui. Par exemple, je n’ai aucune photo des opérettes d’Offenbach
que je n’aurais pas découvertes et appréciées sans toi, ni de l’os à moelle
que j’ai goûté à Londres pour la première fois sur tes conseils ou de la pièce
The Mousetrap dont je n’avais jamais entendu parler, pas plus que de notre
visite de la maison de Balzac qui m’a donné envie de le lire. Notre amitié
discrète, ponctuelle, intercalée au gré de nos voyages respectifs comme
des occasions attrapées au vol, est faite de toutes ces petites découvertes
du quotidien (histoires, expos, musique, livres, mets…), anodines sur le
moment, mais qui resteront avec moi pour des décennies. Sur cette photo,
je ne sais pas encore que nous aurons encore tant de plaisir à nous voir
dix-huit ans plus tard. J’espère que les années à venir apporteront encore
l’occasion de mille autres nouveautés partagées ensemble.